Ici, je voulais vous proposer un beau petit texte, où bien entendu " la mort" n'est pas du tout absente
http://fr.calameo.com/read/0037328957e109fe87eb3Prague, au début du 19 ième siècle : figurez-vous cette belle ville d' Europe, avec ses rives de la Vltava, son paysage de maisons de la Ville et son Palais; cité où le Gothique et le Baroque se mélangent sans conflit.
Daniel Tritheime y habitait. Il était l'un de ces mages qui aspirait à découvrir les ultimes secrets de l' Univers, dans sa maison gardée par des gargouilles semblant vous surveiller d'un oeil à la fois furieux et attentif... Sa Bibliothèque, immense, contenait de très nombreux manuscrits sortis de la nuit des temps. On le disait Alchimiste ...
Béatrix, elle, était en route pour cette demeure, demeure qui passait pourtant pour celle d'un solitaire excentrique. Elle pressait le pas, serrant sa cape de soie contre elle, luttant contre le vent. Béatrix était l'une de ces belles femmes élégantes, au physique raffiné et élancé et d' un visage d'ange lumineux. Elle portait toujours des vêtements aux couleurs mates qui relevaient son teint. C'était l'heure du thé ... et elle se pressait.
Daniel Tritheime attendait Béatrix, malgré son emploi du temps très chargé de ces dernières semaines. Il était un homme d'un physique rigide, aux traits de visages sombres. Il l'attendait devant une lourde porte, plus précisément près d'un rosier du petit jardin précédant sa maison.
Il la vit qui entra par le portillon du jardin et il s'avança à sa rencontre.
- Bonjour, très chère ! Entrez vite ! Après notre tasse de thé, j'aurai quelque chose à vous montrer ...
Assis tous deux, se souriant, ils buvaient le thé chaud par petits coups. Le thé était raffiné et servi dans des tasses en porcelaine ornées de beaux dragons et de phénix. Le goût de ce breuvage était sucré à point, comme pour préparer Béatrix à entendre une belle surprise...
- Elle est prête, mon amie !
Il jubilait. Devant le silence interrogateur de son amie Béatrix, il précisa :
- J'ai été beaucoup occupé ces derniers temps, comme tu le sais ... ces dernières années même ... mais j'ai enfin réussi ! J'ai créé une machine capable de transcender l' Espace et le Temps ! Capable de nous mener tout droit dans cette dimension que les hommes nomment : " Le Paradis" !!!
Béatrix, interloquée, reposa sa tasse. Elle connaissait bien son ami, sa passion pour l'inexpliqué ... elle avait mainte fois frôlé les nombreux ouvrages de la Bibliothèque, caressant du bout du doigt les cuirs usés, les lettres dorées, se demandant quels secrets pouvaient bien renfermer ces ouvrages. Elle préférait ne pas trop poser de questions. Tout cela lui paraissait tellement hors de sa portée. Elle voulait juste continuer à voir cette étincelle briller dans son regard, entendre cette joie dans sa voix ...
Béatrix lui prit juste doucement la main alors que Daniel, tout excité, dirigea sa bien-aimée en direction de la Bibliothèque.
Elle était là, au centre de cette immense et belle Bibliothèque. Toujours couverte. La machine.
Plein d'enthousiasme, il lui expliquait quelques secrets relatifs aux visions de Daniel et d' Ezéchiel qu'elle entendit à peine, il lui parla du char d' Elie lorsque ce dernier avait quitté en chair ce monde-çi...
Il dévoila d'un geste sec sa prodigieuse machine. Elle était constituée de deux Tétraèdre inversés, qui formaient un tourbillon lumineux crépitant comme un champ de cigales.
Au centre de la Machine trônaient deux sièges ! Il lui prit de nouveau la main.
- Prenez place ma chère, comme Elie, nous allons rejoindre le Paradis
La machine commença à vibrer d'abord doucement puis de plus en plus rapidement, à une vitesse folle ! Le monde extérieur semblait se fixer sur place ... tandis que la machine ELLE semblait s'élever dans un cône de couleur rouge puis orangé pour se fondre dans une couleur violette.
Soudain, tout se calma. Une grande paix et une immense quiétude s'installa, et ce même dans le coeur de Beatrix et de Daniel...
Tous deux se levèrent et s'avançèrent.
Des arbres aux feuilles d'Or brillaient sous un soleil doux et resplendissant, des phénix aux mille couleurs volaient dans un ciel bleu océanique, on entendait des bruits de rivières et de cours d'eaux.
Une légère brise amenait le parfum suave de fleurs aux pétales douces et odorantes.
Un vieil homme, avec une barbe semblant acquise au prix de nombreuses années, se tenait là, devant eux, dans ce fantastique jardin. Il se tenait debout à l'aide d'une longue cane incurvée.
- Bienvenus dans le Jardin d' Eden, dit-il. Je suis Adam, l' Ancien, le premier homme à avoir habité le Paradis. Venez à la maison : ma femme Eve sera heureuse de vous rencontrer.
Au loin, une belle maison ornée d'une Architecture Antique brillait de mille feux : elle semblait construite de diverses pierres précieuses.
Daniel et Béatrix se retrouvèrent devant Eve, qui était à présent une vieille femme. Pourtant on devinait encore sa splendeur passée ...
Adam conta son histoire, et combien il se sentait responsable du déferlement de violences dans le monde, combien l' Humanité tombée sous le poids de la matière, de l'expérimentation du bien et du mal lui avait brisé le coeur.
Soudain, un bruit puissant se fit entendre. Daniel se précipita à l'extérieur ... pour voir sa machine détruite et en morceaux.
Un Ange grandiose, les ailes déployées et une épée de feu à la main, se tenait sur les ruines de la machine...
Puis l' Ange repris son envol et disparu presque instantanément à l'horizon.
Ils distinguèrent alors au loin de très hautes tours qu'ils reconnurent sans les avoir pourtant connues... Le seul espoir, leur seul chemin pour eux étaient désormais de rejoindre cette Sainte Cité visible depuis cet immense jardin. Le couple se consulta du regard : elle hocha la tête, lui souriant ... et Adam leur proposa d'être leur guide.
Dans cette Cité, une grande animation semblait de mise : des groupes se tenaient à l'écoute de sages dans des amphithéâtres, d'autres marchaient paisiblement ensemble.
Certains portaient des habits de juges et se rendaient dans des Halls où les âmes des décédés arrivaient, tandis que d'autres semblaient gérer les Renaissances.
Des écoles préparaient au rôle délicat de devenir un jour un " Ange gardien".
Daniel et Béatrix écarquillaient tout grand les yeux devant ce spectacle ahurissant ... écoutant les centaines de paroles bruissantes, contemplant les attitudes, les visages sereins et détendus, cherchant à comprendre. Il leur semblait avoir accès à une sérénité, une paix, une douceur, une compréhension qu'ils avaient rarement rencontrées.
Cependant, malgré sa fascination, Daniel avait bien l'intention de rejoindre tôt ou tard, son monde, la ville de Prague, en compagnie de sa belle. Quand à elle, Béatrix goûtait un savoir tout neuf qu'elle reconnaissait spontanément en elle, comme si elle avait toujours su ...
Daniel repris la main de sa belle et s'engagea sur une vaste place blanche et bleue. Il ne savait pas où il allait, ni ce qu'il voulait, mais il se disait qu'il y trouverait bien de l'aide, dans cette Ville où la "politique" était forcément celle de la main tendue... Il connaissait l'importance du hasard et comptait bien le provoquer un peu.
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